Friday, September 08, 2006

Mythologie de la binarité


par Maud-Yeuse Thomas

En Occident, l’organisation des sexes sociaux se caractérise par l’existence de deux sexes sociaux, censément dictée par une équivalence de nature essentialiste entre la biologie, les identités et l’organisation de la société.

La binarité se compose du recouvrement du genre (personnel et social) par le sexe. Ce mode est un régime de médiations historique, socioculturel et politique, non un état de nature.

L’identité de genre donnée à la naissance (garçon ou fille) et inscrite dans la transmission intergénérationnelle subordonne l’identité de genre au sexe biosociologique (équivalence mâle-homme-masculinité et femelle-femme-féminité).

L’ancrage repose non sur la biologie mais sur la transmission d’identité. C’est la subordination de cette transmission inscrite comme simple événement à un ancrage naturalisant.

Le genre (masculinité/féminité) repose sur la subordination du vécu intérieur aux normes et statuts de la société binaire selon un découpage arbitraire de deux sexes sociaux dans cette équivalence vécu/normes-statuts. Cette fiction naturaliste du genre coïncidant au sexe a été vivement critiquée, mais ne semble pas sortir des ornières de l’essentialisme. Lequel essentialisme est issu directement du modèle binaire dominé par le régime patriarcal, hétérosexuel et masculin. Après le genre féminin, et sur cette base, l'Occident se créé un transsexualisme comme mode de transition afin de sauvegarder un modèle binaire partout contesté. L'instance de la psychiatrie va être nommée pour ce faire afin de réguler ce fait considéré comme nouveau, spécifique à l'Occident.

Modèle de deux sexes se doublant d’une fiction quasi religieuse dans la croyance en une identité causale et linéaire se construisant depuis/avec la naissance biologique. La transmission d'identité de genre à la naissance (c'est un garçon, c'est une fille) est gommée pour ce mode naturaliste.

Le modèle politique de la binarité, loin d’être un modèle fondateur s’avère une fiction naturalisante tendant à homogénéiser toutes les parties constitutives de la société humaine en un Tout indivis et insécable, linéaire et causal. L'homme et la femme découle de ce prodigieux constructionnisme historique qui n'a cessé de muter tout au long des siècles.

Ce modèle est également renforcé dans la clôture politico-idéologique en une naturalité hétérosexuelle sur le terrain de l’organisation de la société et notamment les institutions. En premier chef, la famille et le mariage hétérosexuel. L’hétérosexualité dans cette nouvelle fiction est composée d’une norme statutaire et institutionnelle composant la société dite traditionnelle. Cette mise en place du modèle de la "famille" a subi d'importants changement de la "famille élargie" à la "famille nucléaire" puis aujourd'hui sur toutes les reconfigurations de la famille recomposée, monoparentale, homoparentale, famille de 3 adultes (ou plus), famille avec des enfants étrangers adoptés, etc.

Dans ces mutations, il semble toutefois que l’inégalité et l’asymétrie des sexes sociaux (homme et femme) se soit déportée avec la modernité sur l’émergence de l’homosexualité et pour une infime part sur la bisexualité.

Pour lire tout l’article :

http://natamauve.free.fr/socialite_ternaire.html

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