Friday, September 08, 2006

Mythologie de la binarité


par Maud-Yeuse Thomas

En Occident, l’organisation des sexes sociaux se caractérise par l’existence de deux sexes sociaux, censément dictée par une équivalence de nature essentialiste entre la biologie, les identités et l’organisation de la société.

La binarité se compose du recouvrement du genre (personnel et social) par le sexe. Ce mode est un régime de médiations historique, socioculturel et politique, non un état de nature.

L’identité de genre donnée à la naissance (garçon ou fille) et inscrite dans la transmission intergénérationnelle subordonne l’identité de genre au sexe biosociologique (équivalence mâle-homme-masculinité et femelle-femme-féminité).

L’ancrage repose non sur la biologie mais sur la transmission d’identité. C’est la subordination de cette transmission inscrite comme simple événement à un ancrage naturalisant.

Le genre (masculinité/féminité) repose sur la subordination du vécu intérieur aux normes et statuts de la société binaire selon un découpage arbitraire de deux sexes sociaux dans cette équivalence vécu/normes-statuts. Cette fiction naturaliste du genre coïncidant au sexe a été vivement critiquée, mais ne semble pas sortir des ornières de l’essentialisme. Lequel essentialisme est issu directement du modèle binaire dominé par le régime patriarcal, hétérosexuel et masculin. Après le genre féminin, et sur cette base, l'Occident se créé un transsexualisme comme mode de transition afin de sauvegarder un modèle binaire partout contesté. L'instance de la psychiatrie va être nommée pour ce faire afin de réguler ce fait considéré comme nouveau, spécifique à l'Occident.

Modèle de deux sexes se doublant d’une fiction quasi religieuse dans la croyance en une identité causale et linéaire se construisant depuis/avec la naissance biologique. La transmission d'identité de genre à la naissance (c'est un garçon, c'est une fille) est gommée pour ce mode naturaliste.

Le modèle politique de la binarité, loin d’être un modèle fondateur s’avère une fiction naturalisante tendant à homogénéiser toutes les parties constitutives de la société humaine en un Tout indivis et insécable, linéaire et causal. L'homme et la femme découle de ce prodigieux constructionnisme historique qui n'a cessé de muter tout au long des siècles.

Ce modèle est également renforcé dans la clôture politico-idéologique en une naturalité hétérosexuelle sur le terrain de l’organisation de la société et notamment les institutions. En premier chef, la famille et le mariage hétérosexuel. L’hétérosexualité dans cette nouvelle fiction est composée d’une norme statutaire et institutionnelle composant la société dite traditionnelle. Cette mise en place du modèle de la "famille" a subi d'importants changement de la "famille élargie" à la "famille nucléaire" puis aujourd'hui sur toutes les reconfigurations de la famille recomposée, monoparentale, homoparentale, famille de 3 adultes (ou plus), famille avec des enfants étrangers adoptés, etc.

Dans ces mutations, il semble toutefois que l’inégalité et l’asymétrie des sexes sociaux (homme et femme) se soit déportée avec la modernité sur l’émergence de l’homosexualité et pour une infime part sur la bisexualité.

Pour lire tout l’article :

http://natamauve.free.fr/socialite_ternaire.html

Friday, September 01, 2006

Le respect intégral des droits humains des personnes intersexuées


Déclaration de l’OII – USA en faveur du respect intégral des droits humains des personnes intersexuées

En raison de la division arbitraire des êtres humains en deux catégories légales, homme ou femme, les personnes intersexuées sont privées de l'un des droits humains les plus fondamentaux, celui de pouvoir vivre et de pouvoir être reconnues telles qu'elles sont, c'est à dire en tant que personne intersexuée. Le sexe des êtres vivants n'est pas binaire et les deux sexes, homme et femme, ne sont pas une description valide de la réalité biologique. En conséquence, nous n'aurons jamais de définition valide de ce que c'est que d'être un homme ou une femme parce que, dans ce contexte, il n'y a pas de manière d'établir une définition qui évite aux personnes intersexuées d'être mutilées, normalisées et insérées de forces dans l'une ou l'autre de ces catégories. De ce fait nous demandons que:

1) Aucune personne intersexuée ne se voie imposée une insertion arbitraire dans l'une de ces catégories, car cela nous prive de notre droit le plus fondamental en entérinant la normalisation de force et l'intolérance contre notre sexe naturel – intersexe.

2) Que, d'une part, le gouvernement cesse les assignations forcées et arbitraires à un système sexiste et binaire et qu’il permette à toutes les personnes de s'intégrer aux sexes auxquelles elles se sentent appartenir. Si non, nous demandons que les personnes intersexuées se voient garantir le même statut légal et les mêmes droits que ceux dont disposent les autres personnes dont le corps est celui d'un homme ou d'une femme standard. Nous demandons donc à ce que nous puissions nous faire légalement reconnaître comme étant intersexes, avec le droit pour les personnes qui auraient ce statut de se marier avec qui ils/elles souhaitent, de disposer d'une protection entière contre toute forme de harcèlement sexuel (ce dont les hommes et les femmes disposent déja) et de pouvoir vivre en assumant ouvertement et fièrement notre identité en ayant une reconnaissance légale et médicale de notre sexe. Comme certaines personnes intersexuées s'identifient en tant qu'homme ou en tant que femme, ces dernières ne doivent en aucune manière se voir forcées de changer leur statut légal, ce qui serait également une violation de leurs droits les plus fondamentaux.

3) Nous croyons que ce serait un plus pour l'ensemble de la société que de reconnaître l'existence de personnes intersexuées et pas seulement pour les personnes intersexuées elles-mêmes. En procédant de la sorte, de nombreux stéréotypes sexistes et d'autres normes totalement artificielles en matière de genre seraient ainsi remises en question.

4) Nous affirmons ouvertement que nous sommes fier-e-s d'être nous-mêmes et que nous exigeons qu'il soit mis fin au silence, à la honte et à la normalisation forcée et institutionnalisée à notre encontre qui a encore force de loi dans ce pays.

Monday, August 28, 2006

Two-Spirit


par Rara Starblanket
Porte-parole de l'OII pour les Two-Spirits
http://www.intersexualite.org/TwoSpirit.html

Traduit par Marlène Riwkeh Mèges
Revu et corrigé par Curtis E. Hinkle

(Note du traducteur : Je n’ai pas voulu utiliser des mots hybrides tels que – « ami-e », « doué-e » dans ce texte. Le français ne peut pas exprimer une notion de trois sexes. Même si on considère que le neutre existe en français, cela ne résout pas le problème car les Two Spirits n’étaient pas « neutres » mais un sexe à part entière dans beaucoup de ces cultures. Donc, j’ai décidé d’employer et le masculin et le féminin, mais jamais un mélange des deux car cela donne une fausse idée des Two Spirits qui n’étaient pas un mélange de deux choses ou des hybrides, mais plutôt une catégorie de personnes qui intégraient complètement l’essence du Grand Esprit, tandis que les autres sexes n’en intégraient qu’une partie.)

Pour l’Oll, je suis la personne qui parle pour les personnes de troisième sexe, celles d'origine amérindienne. J’ai beaucoup d'écrits et d'objets historiques qui m'ont été présentés comme étant d'origine Franco-Chippewa. Cela m'a été dissimulé puisque mon père voulait oublier ce milieu parce qu'il était très discriminé comme métis, un sang mêlé comme l'on dit.

Ma découverte de cet héritage a coïncidé avec celle de mon intersexualité, des choses que l'on me cachait, oui bien sûr, mais nous devons comprendre la génération qui a gardé ces secrets. C’était des personnes qui ont vécu des conflits majeurs et les temps difficiles d'une crise économique. Ils étaient et sont une grande collectivité, aussi leurs petits secrets et leur morale rigide ne devraient pas éclipser le bien que cette génération a fait.

Suite de l'article:
http://www.intersexualite.org/TwoSpirit.html#anchor_29

Sunday, July 16, 2006

(Hétéro-)sexisme pathologique et la médicalisation du sexe chez les enfants


Intersexe – le Sexe qui n'ose pas dire son nom
Par Curtis E. Hinkle

On ne peut pas vraiment dire que ce soit un scoop que d'affirmer que nous vivons dans une société sexiste. Cependant, au moment même où nous croyons que nous sommes en train de faire des progrès dans notre lutte pour l'égalité et la dignité, nous sommes pris par surprise par un contrecoup et par la force politique qui le soutient. Nous avons trouvé des preuves tout récemment de cette puissante machinerie hétéro-sexiste aux Etats-Unis, avec l'annonce de la part de l'ISNA, La société des personnes intersexuées d'Amérique du nord, au sujet de son adoption de l'expression "trouble du développement sexuel" ("Disorder of sexual developpment, DSD" en anglais). Cette organisation américaine affirme que ce terme serait préférable pour les enfants que l'adjectif "intersexué" ou "intersex" en anglais.

J'ai lu tout récemment un article de Vincent Guillot, un activiste de la communauté intersexuée d'Europe qui a pour titre "C'est à nous de sortir du discours médical". Je ne peux qu'approuver ce titre. C'est aussi aux adultes intersexué-e-s de parler contre l'hétéro-sexisme pathologique et ses conséquences dévastatrices pour les enfants intersexués. Nous avons été des enfants. Les médecins et les "experts" qui parlent en notre nom n'ont pas toujours à cœur de défendre nos propres intérêts. Ils font partie d'une machinerie sexiste qui a fait d'immenses dommages à nombre d'entre nous durant notre enfance, ils ne nous ont pas écoutés et ils continuent d'essayer de contrôler nos vies.

Le fait que certains adultes intersexués puissent réellement croire qu'ils souffrent d'une condition médicale ne devrait en aucune manière réduire au silence ceux d'entre nous qui récusent cette vue pathologique de l'intersexualité. Il était tout à fait possible d'utiliser le terme "intersexué-e" ou "intersex" comme un adjectif médical décrivant une condition de formation atypique du sexe d'une personne. Les personnes souhaitant une aide médicale pouvaient l'obtenir, avec tous les diagnostics et les pathologies associés par les médecins au fait de ne pas être typiquement homme ou femme. Personne ne dictait la manière de chercher de l'aide aux personnes intersexuées qui ressentaient leur corps comme pathologique, et personne n'affirmait qu'ils n'aient pas le droit de le percevoir ainsi. Mais la situation a radicalement changé avec la création de l'acronyme "DSD", pour "trouble du développement sexuel". Cette dernière tend à stigmatiser un large segment de la communauté intersexuée en raison de sa manière purement pathologique, sexiste et humiliante de considérer les personnes intersexuées. Nous avons le devoir de protéger les enfants d'une politique aussi destructive, sexiste, stigmatisante qui est défendue avec vigueur par nos institutions médicales, légales et sociales.

Examinez de près ce terme. Il peut nous aider à comprendre la mentalité de ceux qui ont choisi de l'adopter pour parler d'enfants sans défense. En premier lieu ils disent que l'enfant a un trouble. Merck est l'éditeur de l'une des références médicales les plus utilisées aux Etats-Unis. Voici la définition d'un trouble d'après leur site web: "un désordre ou un fonctionnement anormal, un état physique ou mental morbide" [1]. Depuis le jour de sa naissance, et de plus en plus avant même sa naissance, un enfant intersexué est étiqueté comme dérangé ou anormal parce qu'on aurait perçu un dysfonctionnement ou un état physique morbide. Ce fonctionnement déséquilibré ou anormal repose sur des siècles de réduction des personnes à leur fonction reproductive. Définir un enfant sur la seule base de son futur fonctionnement sexuel et reproductif est clairement sexiste et certainement quelque chose que les enfants en question ne comprendraient pas car ils n'ont pas d'expérience de ce que c'est que d'être un adulte sexuellement mature. Cela sexualise les enfants dès leur naissance et leur envoie le message que leur vrai but dans la vie est d'avoir un corps capable de fonctionner dans une relation hétérosexuelle dont le but principal est la reproduction, alors même qu'il est probable qu'aucun traitement leur permettra jamais de se reproduire. Les traitements qu'on leur impose a pour but de leur permettre de simuler une activité hétérosexuelle plus tard dans la vie, alors même qu'il est possible que cela ne les concerne pas, suivant la manière dont ils grandissent et dont ils intègrent leur sexualité (ou leur manque d'intérêt pour la sexualité). Il n'est pas acceptable de présupposer que tous les enfants vont ressentir le désir d'avoir des relations hétérosexuelles en tant qu'adultes. Cela les rend souvent encore plus confus et honteux parce qu'ils sont traités pour un dérangement (à savoir le fait de ne pas être né avec ce qu'il faut pour un fonctionnement reproductif, et donc hétérosexuel).

Leur corps devient un élément déstabilisant pour des institutions sexistes et le jeune enfant est enfermé dans un ensemble de discours au sujet de qui il/elle est, de l'apparence que son corps devrait avoir dans le but d'avoir quelque espoir de s'inscrire dans le système. Mais les questions que je pose sont les suivantes: Est-ce que tout cela aide vraiment l'enfant? Est-ce que cet enfant est vraiment déséquilibré ou anormal? Est-ce que tout cela nécessite vraiment une intervention médicale? Qu'est ce qui ne va vraiment pas au sujet du corps des enfants intersexués? Pourquoi est-ce qu'il faut "corriger" l'enfant? Je crois que la réponse à chacune de ces questions se trouve dans l'idéologie profondément sexiste et hétérosexiste qui contrôle notre société et qui n'a rien à faire des intérêts réels des enfants. Elle ne se préoccupe que de la protection des institutions traditionnelles de notre société. Le véritable trouble ou le dérangement ne réside pas dans le corps des enfants intersexués, il réside dans l'idéologie de la société dans laquelle cet enfant va devoir vivre et qui légitime l'utilisation de toute une panoplie de technologies biomédicales pour imposer un ordre qui n'a rien de naturel, qui a été institué comme une évidence et qui, de ce fait, légitime toutes les mesures nécessaires pour l'imposer à toutes les personnes qui ne se conforment pas à la division traditionnelle et sexiste de tous les êtres humains entre hommes et femmes.

Estomper cette division arbitraire entre deux catégories de personnes est une menace pour une structure hétérosexiste qui ne peut vivre qu'en imposant une dichotomie entre hommes et femmes qui deviennent deux catégories sociales, presque deux classes, distinctes. Les inégalités de pouvoir entre les membres de ces catégories ne sont pas considérées comme un danger. Non, ce sont des enfants sans défense qui deviennent le champ de bataille et ils doivent payer un prix très élevé de par le simple fait qu'ils naissent avec un corps qui met en cause des catégories arbitraires et sexistes qui n'ont d'autre légitimité que d'être nécessaires pour que ce système hétéro-sexiste fonctionne. Le deuxième terme de l'expression "DSD" avec laquelle certains essaient de remplacer l'adjectif "intersexué" est "sexe". Il est utilisé pour dénommer le sexe qui n'ose pas prononcer son propre nom. La définition suivante est une assez bonne description de ce que la plupart des gens veulent dire quand ils utilisent ce mot:

"Une construction biologique, basée sur des caractéristiques biologiques qui rendent possible la reproduction" (extrait de Krieger N. A Glossary for Social Epidemiology, J Epidemiol Community Health 2001; 55:693-700.)

Le caractère hétéro-normatif de cette définition est évident. Elle affirme que selon une perspective biologique, les humains sont essentiellement dimorphiques. Mais même d'un point de vue strictement biologique, le sexe ne peut pas être défini comme cela. De plus, la biologie est justement l'une des disciplines qui traite du corps humain et des sexes. D'un point de vue génétique, le sexe des êtres humains est beaucoup plus complexe. Les variations génétiques entre les personnes qui font qu'elles ne sont pas des hommes ou des femmes "standard" sont si nombreuses qu'en fait peu de personnes correspondent vraiment à ces critères, même physiquement. Le seul fait d'utiliser les termes "mâle" et "femelle" quand on se réfère à des marqueurs génétiques pose de sérieux problèmes car ce que l'on appelle un marqueur "masculin" ne mène pas nécessairement à la masculinité, etc. le caractère stéréotypé et artificiel d'une idéologie arbitraire et binariste devient en fait encore plus évident quand on s'intéresse aux composantes génétiques du sexe. Le message que nombre d'enfants intersexués entendent est que leur sexe est en lui-même un trouble, un handicap et un état physique pathologique. Ceci ne fait absolument rien pour soulager la stigmatisation associée avec le fait d'être intersexué-e. En fait, cela ne fait que l'accroître, en faisant une fois de plus en sorte que l'intersexualité est le sexe qui n'ose pas prononcer son nom. Tout comme le fait d'être un-e hermaphrodite était si humiliant, on nous affirme maintenant que le terme "intersexué-e" est trop "politique" pour être utilisé quand on parle d'un enfant (cf. l'article de ISNA qui décrit les raisons pour lesquelles cette organisation considère qu'il en est ainsi [2]). Mais en fait qu'est-ce qui ne va pas avec le fait de ne pas être clairement homme ou femme? Nous est-il vraiment impossible d'aimer un enfant qui ne correspond pas à ces critères artificiels? Avoir les cheveux roux n'est pas fréquent, mais c'est pourtant parfaitement naturel que de naître ainsi, de même que c'est parfaitement naturel que des enfants naissent intersexués, et cela ne nécessite habituellement pas plus de traitement médical que de naître avec les cheveux roux. C'est à dire aucun. Et tous les enfants, qu'ils naissent avec les cheveux roux ou intersexués ont besoin du même amour et du même accueil inconditionnel de la part de leurs parents. Nier votre identité et refuser d'admettre que vous êtes intersexué ne correspond pas vraiment à cet accueil aimant et inconditionnel. Et cela a des conséquences graves pour l'enfant. Légalement, nous avons deux sexes "officiels". Ce système de loi est nécessaire pour maintenir une structure patriarcale et hétéro-sexiste. Mais elle n'a rien de naturel. Elle est imposée politiquement et socialement et les enfants intersexués paient un prix terriblement élevé pour révéler ce qui est pourtant évident, à savoir que cette distinction entre deux sexes presque antinomiques est arbitraire. Ces enfants ont le malheur de naître avec un sexe qui n'ose pas dire son nom, ils sont intersexué-e-s. Le dernier terme du "diagnostic" imposé aux jeunes enfants est "développement". Ce terme est utilisé alors même que le terme "différentiation" est bien plus approprié étant donné que ce que les médecins considèrent comme un trouble est le fait que le fœtus ne s'est pas différentié "correctement" en un garçon ou une fille. Le mot "différentiation" est plus approprié si le but est d'imposer des "différences" strictes entre hommes et femmes. Utiliser le mot "développement" ne fait qu'obscurcir les choses – comme si les partisans de l'expression "DSD" essayaient de dire que le problème est juste que les tissus reproductifs ne se sont pas développés correctement alors que le problème est que, de par sa simple existence, l'enfant défie les divisions strictes et arbitraires entre les personnes que nous classons parmi les hommes et celles que nous classons parmi les femmes. On peut voir cela clairement si on examine la manière selon laquelle un enfant qui naîtrait avec un pénis très grand est traité. Il est très peu probable qu'il soit perçu comme ayant un trouble du développement sexuel, alors même que ses organes sexuels seraient "surdéveloppés" en comparaison des autres enfants. En fait, le fait d'avoir un pénis très grand ne met pas en danger les distinctions légales et sexistes entre homme et femme. Un tel enfant ne subirait aucun traitement. Ce qui pose problème aux yeux de l'entourage des enfants intersexués est qu'ils ne sont pas clairement différentiés comme garçons ou comme filles, et cela n'a rien à voir avec le développement, le sous-développement ou le surdéveloppement. J'ai lu un commentaire intéressant par un activiste particulièrement convaincant qui traitait des connotations du mot "développement" et son raisonnement était particulièrement sensé. Le recours à ce terme tend à faire croire que l'enfant n'est pas entièrement développé. Une telle affirmation n'est pas particulièrement libératrice quand elle est appliquée à des enfants.

Elle tend de plus à faire croire que ceux d'entre nous qui ne se sont pas développés pour devenir complètement des garçons sont simplement des enfants et des personnes qui ne se sont que partiellement développées. Ceci permet d'empêcher toute personne qui s'identifie comme un homme mais qui ne correspond pas en tout points aux normes de cette catégorie d'y adhérer, alors même que nombre d'entre nous ont une identité et une vie d'homme.(et c'est là où on retrouve le plus clairement une idéologie vieille de dizaines de siècles dans l'esprit de gens soi disant à la pointe de la recherche scientifique).

Je considère que les personnes de la communauté intersexuée qui sont en désaccord avec cette politisation sexiste de l'intersexualité (et de leur propre corps) ont le droit de la dénoncer. D'autres ont aussi le droit de parler au nom des enfants, mais ce droit ne peut être confisqué par quelques uns. Faire croire aux enfants intersexués qu'ils sont dysfonctionnels, déformés, ou du mauvais sexe et seulement partiellement développés ne les aide en rien. Nous devons oser parler en leur nom, nous devons oser parler du sexe qui n'ose pas dire son nom, celui des enfants intersexué-e-s.

[1] La définition de Mercks peut être trouvée à: http://tinyurl.com/7flku
[2] "Parents and doctors are not going to want to give a child a label with a politicized meaning." l'article de ISNA's expliquant les raisons pour lesquelles ils utilisent l'expression DSD (Disorder of Sex Developtment) peut être trouvé à:http://www.isna.org/node/1066

Tuesday, July 04, 2006

L'OII et la diversité


Organisation Internationale des Intersexué-e-s
www.intersexualite.org
Note du président

Je me refuse à prendre publiquement position pour ou contre tel ou tel membre ou groupe associé avec l'OII. En tant que président, j'estime que c'est de ma responsabilité de laisser les personnes dire ce qu'elles sentent importantes pour elles, pas d'exprimer publiquement mon accord ou mon désaccord avec elles. Mes propres positions se trouvent dans tous les articles que j'ai écrits. D'autres sont libres d'être en désaccord et de se faire entendre. Il y a bien trop de manières d'être intersexué-e pour qu'une personne seule puisse parler au nom de toute la communauté des personnes intersexuées. Moi-même je ne peux pas parler pour toute cette communauté mais seulement pour un certain segment. D'autres personnes intersexuées ont une expérience différente et d'autres perspectives que les miennes. Elles ont le droit de se faire entendre, même si certaines de leurs vues ne correspondent pas à celles de certaines personnes ou de certains groupes.

Je reçois souvent des demandes au sujet de certains articles ou au sujet de certaines opinions exprimées sur le site de l'OII. Il arrive fréquemment que la personne qui m'écrit considère que l'intersexualité est une identité de genre, ce qui est le cas pour certaines personnes. Mais l'OII n'est pas seulement une organisation qui regroupe les personnes qui s'identifient comme intersexes, mais pour toutes celles qui sont physiquement intersexuées quelle que soit leur identité et toutes celles qui ont une identité intersexe. Elle regroupe également des personnes alliées qui sont souvent en désaccord entre elles. L'OII accueille des alliés de toutes les communautés, mais le fait que ces communautés puissent être en désaccord entre elles est une questions sur laquelle nous sentons que nous n'avons pas à nous engager. Nous sommes simplement très heureux de constater que de nombreuses communautés sentent qu'elles partagent les mêmes buts que nous, en ce qui concerne la défense des droits humains et la lutte contre le sexisme.

Il m'est difficile de répondre autrement que de mon propre point de vue aux questions concernant la transsexualité, l'homosexualité, l'hétérosexualité, les "troubles" de l'identité de genre (ou les soi-disant troubles de l'identité de genre) ainsi qu'aux désaccords en ce qui concerne les opinions exprimées sur ce sujet. Et mon opinion sur ces sujets ne sera pas nécessairement partagée par les autres. Les membres sont libres d'avoir des opinions diverses et aussi des opinions qui ne sont pas "politiquement correctes" pour certaines personnes.

Il y a une grande diversité d'opinions entre les différents membres. Personne ne parle pour toute l'OII. Tous les membres le font.

L'expression de l'opinion d'une personne ou d'un groupe ne signifie pas que l'ensemble des membres de l'OII la partage ou ne supporte pas certains groupes ou communautés. Le fait qu'il y a des désaccords entre les communautés LGBT et au sein de la même communauté ou entre les féministes n'est pas essentiel pour l'OII. Pour cette dernière, s'impliquer dans la résolution de questions relevant des personnes transsexuelles, des lesbiennes, du féminisme, des gay, serait s'écarter de son but essentiel – la visibilité des personnes intersexuées et la défense des droits humains quelle que soit leur identité. Les personnes intersexuées auront une myriade d'opinions sur ces sujets. L'OII considère comme son devoir de les laisser exprimer leur propre opinion. Nous commençons à peine à avoir une voix. Censurer un petit groupe déjà terriblement marginalisé parce que certains de ses membres expriment des opinions qui ne sont pas politiquement correctes pour certaines autres identités ou certains groupes ou pour d'autres mouvements politiques n'est pas le but de l'OII. Notre but consiste à aider les personnes intersexuées à avoir non pas une voix mais de nombreuses voix.

Merci pour votre soutien et pour nous écouter

En solidarité,
Curtis E. Hinkle
President de l'OII
Organisation internationale des intersexué-e-s
www.intersexualite.org

Sunday, April 09, 2006

Baisers hermaphrodites

Je te regarde pour la première fois
Tu baisses les yeux, le petit gars timide
Et doucement tu souris et je prends ta main
Dans la mienne – deux mains hermaphrodites

Je te prends dans mes bras et te serre contre moi
Toi le petit gars à la peau de porcelaine
Douce comme du velours – Ca me donne des frissons
Et moi la grande fille à la barbe


Je te sens enfin t’effondrer dans mes bras
Nos deux corps chantent à l’unisson
Je pose mes lèvres sur les tiennes –
Deux corps électriques – deux âmes étincelantes


Un long baiser si longtemps attendu
Entre deux hermaphrodites qui se retrouvent enfin
Et je te souffle doucement à l’oreille
J’adore les garçons qui sont des filles…


Qui aiment les filles
qui sont des garçons

Curtis E. Hinkle

Monday, March 27, 2006

Personnes sans visages


L’Utilisation de techniques discursives comme moyen d’objectivation de groupes marginalisés
Personnes sans visages
par Curtis E. Hinkle

Le but de cet essai est d'analyser les textes sur le site web de l'ISNA, l’organisation la plus visible dans le domaine de l’intersexuation, afin de comprendre les différentes techniques discursives que cette organisation utilise consciemment ou inconsciemment qui réduisent les sujets mêmes de leur discours au silence.

Voici un petit résumé des différentes techniques que je vais aborder dans cette analyse:
1. Il n'y a aucun substantif (nom) employé pour un(e) intersexué(e).
2. Prépondérance de blogues de personnes qui ne sont pas intersexuées.

3. Concentration presque exclusive sur le corps
4. Refus total de prendre en considération les questions de genre comme une question importante pour les intersexué(e)s.
5. Infantilisation continuelle
6. Prolifération du discours médical

Après avoir lu les articles sur leur site, j'ai remarqué que l’absence totale d’un substantif ou nom pour les personnes qui sont l’objet de leur discours est le plus flagrant délit qui résulte de leur façon de contrôler le langage pour objectiver et marginaliser les intersexué(e)s. Comment est-ce possible? Si les sujets dont vous parlez n’ont pas de nom, de substantif pour les nommer, on donne l’impression que les objets dont vous parlez n’ont pas de substance, qu’ils ne sont d’aucune conséquence. Autrement, on créerait un nom, un substantif pour catégoriser l'objet de discussion. Au lieu de l'utilisation d'un nom comme intersexué(e), ou le vieux terme hermaphrodite, qui n’est pas biologiquement exact, mais qui a une grande signification historique comme nom ou catégorie pour nous, nous sommes constamment désignés comme personnes ou enfants avec l’intersexuation, ce qui nous oblige de disparaître encore une fois dans une des deux catégories masculine/féminine que nos corps ont défié en premier lieu.

Le refus d'employer un nom ou d’en créer un que beaucoup d’intersexué(e)s accepteraient déshumanise les sujets réels de leur discours parce que nous devons consentir à être vus à travers le prisme binaire de femme ou homme avant de devenir le sujet de discussion. C’est un effacement et on disparaît de nouveau dans un vide pour devenir des personnes sans visages, l’objet qu’on n’ose jamais nommer.


Cependant, si vous faites une analyse du texte du site, vous arriverez à cette conclusion, c'est-à-dire, il n'y a aucun nom
pour nous sur ce site. De cette façon, les personnes qui veulent parler de nous en tant qu’objets détiennent tout le pouvoir discursif et cette technique d’objectivation soutient toutes les autres qui en découlent.

Une des autres techniques discursives qui représentent l'intersexé(e) comme un objet sans pouvoir d’agir est de laisser la parole à d’autres, surtout des femmes qui ne sont pas intersexuées qui parlent à notre place. Si vous regardez le site, presque tous les blogues sur le site sont contrôlés par des femmes qui parlent pour nous mais qui ne sont pas intersexuées. De cette façon, le sujet de leur discours reste toujours un objet dont on parle et qui n’a jamais de voix directe en tant que narrateur/narratrice réelle du discours.

Ainsi, on peut fixer toute l’attention du lecteur sur le corps sans jamais parler de la personne dans le corps en question. Quand on parle de nous, c’est presque toujours de notre corps, une autre forme d’objectivation et afin d’immobiliser l’objet, on écarte toute discussion sur le genre en déclarant que c'est une question qui n’est pas importante pour nous. Cependant presque tou(te)s les intersexué(e)s avec qui j’ai parlées m’ont dit que les questions de genre sont très importantes pour elles/eux. Mais si on commence à parler du genre, on commence à humaniser l’objet et on doit aborder le sujet tabou de ce site, l’identité des personnes dont on parle. Si on accorde une identité au sujet, on risque de perdre contrôle du discours et d’autres personnes pourraient plus facilement vous demander d’expliquer pourquoi ce sont des personnes qui ne sont pas intersexuées qui parlent pour nous tout le temps et pourquoi elles exercent tant de contrôle sur les mots, les définitions des sujets de leur site sans laisser parler des sujets eux-mêmes de leurs identités, leurs expériences dans une société qui n’a pas de place pour eux.

Une autre technique discursive est l’infantilisation continuelle de l'intersexué(e). Par cela je veux dire que la plupart de toutes discussions sur le site parle de nous en tant qu’enfants. C’est important. Mais en fixant l’attention toujours sur un petit enfant, cela donne l’impression que nous avons besoin d’autres pour parler car un enfant n’est pas capable de parler. Si les intersexué(e)s parlaient de leur propre vie en tant qu’adulte, on devrait mettre tout en question concernant les définitions, les termes et tout le discours sur ce site car ce serait plus évident que les sujets en questions ici sur leur site sont presque totalement absents.

Et finalement, la prolifération du discours médical qui fixe l’attention sur la pathologie des sujets sape tous les efforts de notre émancipation de l’institution qui a pour but de nous effacer. Le but de la médicalisation des intersexué(e)s est de nous faire disparaître. La normalisation de nos corps et de nos genres servent à protéger le statu quo car notre existence déstabiliserait tout le système binaire.

Ces techniques discursives nous déshumanise et nous sommes redevenu(e)s les personnes sans visages que nous avons trouvées dans les textes médicaux quand nous étions jeunes et nous avons pleuré de voir nos propres corps exhibés comme des monstres. Sans voix, sans visage, sans place. Nous nous sommes caché(e)s et la honte continue.

Saturday, March 18, 2006

Pourquoi L’ISNA ne parle pas pour beaucoup d'entre nous

par Curtis E. Hinkle
Fondateur, OII
http://www.intersexualite.org/

L’ISNA (The Intersex Society of North America) prône non seulement la pathologisation de l’intersexuation mais marginalise également celles et ceux qui veulent célébrer la diversité au sein de notre communauté.

Voici bientôt huit ans que j’écoute et dialogue avec des personnes intersexuées à travers le monde. Presque tou(te)s se sentent exclu(e)s et à nouveau nié(e)s par le discours normatif et binaire de l’ISNA.

Ce qui suit sont des citations typiques qu’on trouve sur leur site. Elles sont en caractères gras:

"L'intersexuation est principalement un problème de stigmate et de trauma, pas de genre."

Nous sommes très loin de ce que des centaines de personnes intersexuées à travers le monde m’ont raconté en parlant de leurs vies, de leurs identités et de leurs problèmes. Selon elles/eux, les questions de genre sont plus importantes que beaucoup d'autres questions. Les stéréotypes et les préjugés qu’ils/elles doivent affronter tous les jours constituent un préjudice quotidien. Beaucoup d’entre-elles ont une identité intergenre et d’autres sont transgenres. Prétendre que les questions de genre ne sont pas un des problèmes majeurs des personnes intersexuées est un tour de passe-passe qui nous réduit encore une fois à des objets, des spécimens biologiques.

De cette manière, les auteur(e)s des articles sur le site de l’ISNA, dont la plupart sont des femmes et pas intersexuées, peuvent continuer un discours normatif basé sur nos corps et éviter d’écouter les personnes qui habitent ces corps.

"Tous les enfants doivent être assignés garçon ou fille, mais sans chirurgie."

Pourquoi ? Pourquoi doit-on encore aujourd’hui assigner le sexe masculin ou féminin à chaque enfant ? Même si la Loi dit que chaque enfant doit être juridiquement garçon ou fille, je crois que l'Etat ne devrait pas se baser sur une telle division des personnes, qu’elles soient «intersexuées» ou non, pour les enfermer dans un carcan identitaire inadapté. Si un enfant est dans l’incapacité d'exprimer son genre, pourquoi devrait-on accorder à quelqu’un d’autre le droit de le faire à sa place ?

Ce que l’ISNA recommande pour des enfants avec l'intersexuation.
( Titre d'article)

Selon ISNA, nous ne sommes pas des personnes intersexuées mais simplement des hommes et des femmes "avec l’intersexuation". Pour beaucoup d'entre nous, c'est très offensant. L'Intersexuation n'est pas une pathologie comme pourrait l’être le diabète. Nous sommes intersexué-e-s, c’est notre identité.

D'autres exemples:
-
des Enfants avec l’ intersexuation
- des Enfants et des adultes avec l’ intersexuation
- des Nouveau-nés avec l’ intersexuation
- Nous avons réuni un groupe d'experts, incluant des professionnels de Santé, un adulte avec l’ intersexuation ainsi qu’un parent pour débattre de ces questions.

"Est-ce que l’ISNA pense que les enfants avec l’ intersexuation doivent être élevés sans un genre, ou dans un troisième genre ?"
( Titre d'un article)

L’auteure, Alice Dreger, explique qu’il n’existe rien en dehors des deux genres normatifs (garçon ou fille). Beaucoup d'entre nous ne sont pas d'accord. Au lieu d’effacer ainsi l’identité de beaucoup de personnes intersexuées, pourquoi ne pas dire clairement que ce point de vue binaire est incompatible avec la notion de représentativité dont cette personne et l’ISNA se prévalent ? La plupart des personnes intersexuées que je connais trouvent cela pour le moins bizarre pour un groupe qui prétend nous représenter.

"Deuxièmement, le plus important pour nous est d’essayer de créer un monde où les enfants avec l’ intersexuation peuvent vivre en sécurité. Leur donner une étiquette de genre inexistante ne va pas les aider. (Duh, huh) ? »

Quelle arrogance! Alice Dreger, qui n'est pas intersexuée, et qui parle pour nous, mais ne nous écoute pas, nous dit que notre genre n'existe pas par "essence" et finit cette déclaration invisibilisante sur une intonation très offensante en anglais "Duh" – un petit mot qu’on utilise en anglais pour souligner la stupidité d’une telle idée. Eh bien, moi, je souhaiterais lui demander sa définition de n’importe quel sexe ou genre par « essence », incluant tous les membres de cette catégorie. Le sexe ou le genre féminin sont-ils des catégories par « essence » ? Une femme n’ayant pas d’utérus est-elle, pour Madame Dreger, une femme… ou une autre « chose » sans identité ? Pourquoi ne pas permettre aux personnes concernées de décider de leur identité, de ce qui est « essentiel » pour elles ?

Elle est libre d’être une femme mais est à l’évidence incapable de comprendre notre nature profonde. Je ne lui en veux pas mais est-ce que les autres, ceux qui ne répondent pas au « coefficient normatif » où ne veulent pas se soumettre au diktat sexiste, ne devraient pas avoir ce même choix ? Avant de parler pour les personnes intersexuées, il faut nous écouter et comprendre que beaucoup d’entre nous ne vont pas dire tout haut ce que nous pensons tout bas. Nous avons été endoctriné(e)s par un système sexiste toujours prédominant où les personnes ayant voix au chapitre sont étrangères au sujet. Dieu ait pitié de nous, nous sommes entre les mains des experts !

Mais est-ce que tout cela ne manque pas tout simplement d’humanité ? Nous avons appris et continuons d’apprendre dans la douleur que dire qu’on ne se sent pas fille ou garçon a souvent des conséquences graves sur nos vies de tous les jours. Un pesant silence nous est imposé tout au long de notre vie car le pouvoir des fumistes « qui savent ce qui est bon pour nous » est écrasant. Comment ne pas trouver tragique la contemplation d’une organisation censée venir en aide aux personnes intersexuées qui adopte les mêmes méthode dictatoriales ? La négation de nos vies nous condamne à l’invisibilité.

La Société des Intersexués d'Amérique du Nord (ISNA) est la première source pour les personnes cherchant des informations et des conseils sur l’anatomie reproductrice atypique et les Désordres de Différentiation Sexuelle (DDS).

Eh voilà, l’ISNA a décidé de changer le nom de la pathologie, comme si cette savante modification allait changer quelque chose dans les faits. Et en plus ISNA prétend ne pas jouer un jeu sémantique.

On lit ce qui suit sur leur site dans leur définition pour l’intersexuation:

"Plutôt que d’essayer de jouer un jeu sémantique qui ne finit jamais, nous à ISNA nous prenons une approche pragmatique concernant la question de qui compte comme personne intersexuée."

La négation de l'identité des personnes intersexuées n’est pas un jeu. Cela a souvent de graves conséquences que l’ISNA devra un jour assumer.

Sunday, March 12, 2006

La McDonaldisation de l’activisme intersexe

Un repas binaire grand format, s.v.p.
La McDonaldisation de l’activisme intersexe
par Curtis E. Hinkle
de l'Organisation Internationale des Intersexué-e-s

Après avoir lu l’article suivant sur le site de l’ISNA,
http://www.isna.org/faq/not_eradicating_gender
je savais qu'il fallait briser le silence et parler franchement de l'exclusion et de la marginalisation de beaucoup de personnes intersexuées que je connais par les groupes qui nous représentent.

Imaginez un monde dans lequel la division principale entre les individus serait le poids. Ce serait la première chose remarquée à la naissance qui doit être enregistrée sur toutes les actes de naissance – maigre ou obèse.

Imaginez un monde dans lequel les obèses dominaient les maigres et où il serait presque impossible pour une personne maigre de devenir une personne obèse et vice versa.

Imaginez un monde dans lequel les personnes de corpulence moyenne ne pourraient pas exister légalement sauf dans une des deux catégories juridiques - obèse ou maigre.

Pour lire la suite:
http://www.cmaq.net/fr/node/23809

Saturday, March 11, 2006

Testez votre Q.I. (Quotient Intersexuel)

Amusez-vous! Ces tests servent à expliquer pourquoi toute définition des différents sexes et genres est compliqué et probablement impossible.

Suis-je intersexué-e?

Résistons à tous les sexismes

par Curtis Hinkle
Organisation Internationale des Intersexué-e-s

Voici les diverses formes de sexisme que subissent fréquemment nos membres intersexe/intergenre:
1) L’idée reçue qu’il ne peut y avoir que deux sexes/deux genres.
2) L’affirmation que les personnes intersexuées subissent une pathologie reste identique au jugement que l’homosexualité était une maladie il y a quelques décennies.
3) Le rejet des personnes intersexuées qui s’identifient en dehors du binaire.
4) Exclusion des femmes intersexuées des groupes de lesbiennes et autres groupes de femmes.
5) «Féminophobie» (condescendance à l’égard des comportements et du genre considérés en général comme typiquement féminins).
6) La Transphobie est particulièrement blessante lorsqu’elle provient de groupes de personnes intersexuées.

Pour lire l'article.

10 idées fausses sur l'intersexuation

1. Intersexuation signifie qu'une personne possède deux appareils génitaux
2. 1 jeune enfant sur 2000 est né intersexué
3. Intersexe a un rapport avec homosexualité
4. Intersexe n'a rien à voir avec le genre (Affiché sur la page d'accueil de l'ISNA)
5. Intersexe fait partie du mouvement transgenre
6. Seuls les vrais hermaphrodites sont de réels hermaphrodites
7. Le Transexualisme n'est pas une condition intersexe.
8. Le mouvement intersexe est un mouvement identitaire comme les autres mouvements GLBT
9. La plupart des intersexués ont été assignés femme
10. L'intersexualité est une condition qui peut être soignée

Pour lire tout l'article, cliquez
ici.

De la violente construction binaire du sexe */ **

De la violente construction binaire du sexe */ **
Antke Engel
Traduit de l’allemand par Curtis E. Hinkle

Depuis longtemps, les intersexué-e-s, personnes dont le sexe ne peut pas être clairement défini en tant que masculin ou féminin, essaient de sensibiliser le grand public à leurs expériences face aux tabous culturels, à la normalisation obligatoire et aux pratiques médicales violentes. Jusqu'au 20e siècle, i-elles ont été classifié-e-s comme hermaphrodites. Le soi-disant progrès médical ne les a pas seulement pathologisé-e-s; mais en plus, il a médicalisé leur existence. Actuellement, ces personnes ont inventé un nouveau terme, celui d’« intersexe » comme catégorie politique, souvent après avoir vécu pendant des années dans un sexe qui leur avait été attribué de force.

Lire la suite.